Les palmeraies

    Apres l’installation des ibadites dans la région du M’zab, leur premier soin fut de séduire, chercher et capter l’eau par tous les moyens possibles, puisque nulle part elle n’affleurait naturellement, contrairement à certaines dayas du Sahara (cuvettes  ou jaillit la plupart du temps une source d’eux et ou on trouve une certaine végétation naturelle) ou se sont fixé les principaux établissements humains ; les oasis du M’zab sont les seules oasis artificielles du Sahara.

Pendant dix siècles, les premier habitants du M’zab ont réussi le miracle non seulement de créer de toutes pièces des oasis totalement artificielles ,mais surtout de maintenir les fruits de cette victoire sur l’impossible au prix d’un labeur acharné, et de créer un système de captage ,de stockage et de répartition de l’eau de pluie (bien que très rare) d’une façon très ingénieuse défrayant la chronique  ,quand on sait les moyens rudimentaires qu’ils avaient ils y’a de cela un millier d’années.

   Claude PAVARD, dans son livre : " lumières du M’zab "   écrivait :

"  Les jardins des délices ou il suffit aujourd’hui de tendre le bras pour cueillir les fruits parfumés, n’existent que par la volonté des hommes qui ont arraché au fonds des puits l’eau de la nappe phréatique, qui ont aussi et surtout construit le plus extraordinaire système de captage des eaux de ruissellement du Sahara. Ce système est si rationnel qu’il a fait dire au géographe jean Brunhes : Ce ne sont pas des établissements humains qui valent seulement par l’effort réalisé et le degré relatif de production et de bien être obtenus en dépit des conditions naturelles, ce sont des établissements qui valent par leur perfection absolue. Ils représentent ce qu’on peut imaginer et réaliser de mieux comme culture d’oasis   "

   La première des taches qu’ils eurent à réaliser pour survivre dans ce paysage lunaire fut de creuser des puits en remontant progressivement la vallée du M’zab, car plus la demande en eau croissait, plus les puits en aval tarissaient, comme ce fut le cas à Bounoura, ainsi Ghardaïa a vu s’éloigner sa palmeraie vers l’amont de la vallée .La profondeur de ces puits variait entre 10 et 80 mètres, ils mettaient des années pour les creuser ,certains même ont été réalisés par le labeur de deux générations successives .

    Les moyens de puisage sont bien adaptés aux conditions du milieu ; la profondeur trop considérable a fait rejeter le principe de la bascule appliqué dans la "  Khottara "  et dans le "  Chadouf " Egyptien ou africain.

    Au lieu d’une perche basculant sur un levier, on a recours à un mécanisme des plus simples et des plus ingénieux ; et voilà en quoi consiste ce mécanisme :

 

L’outre de peau ( Delou ) servant à extraire l’eau , et pouvant contenir 40 à 50 litres ,est retenue par deux cordes dont l’une , la plus longue et la plus grosse ,glisse sur une poulie suspendue au moyen de deux montants consolidés par des traverses ,et l’autre, la plus courte pas sur un rouleau ou poulie longitudinale , de bois et est attachée à la partie la plus ingénieuse de ce récipient , une manche de cuir longue de 50 ou 60 cm et qui sert d’ouverture , cette manche est manœuvrée par une corde secondaire , plus fine , indépendante de la grosse corde par laquelle l’outre est supportée , de la sorte en peut abaisser la manche de l’outre dans l’eau ,lorsque l’outre a été descendue jusqu’au fond du puits ,puis la relever durant toute la montée, et l’abaisser  enfin de nouveau une fois l’ascension de l’outre achevée ,pour permettre à l’eau de s’écouler aisément dans un petit bassin situé en avant du puits.

    Au lieu de faire remonter l’outre en enroulant la corde de la poulie sur un treuil ,ce qui ne pourrait  être fait que par un homme et ce qui serait très fatigant ,on tire la corde en s’éloignant du puits, et de cette manière la corde peut être tirée indistinctement par un homme ou par un animal  ( Chameau, Mulet, âne ) ; sur une allée ou plus exactement sur le «  Aghlad Noulam «  ( le chemin de halage d’une longueur égale à la profondeur du puits et allant en pente pour faciliter le tirage.

 

    Le va et vient de la bête, sous la conduite de l’homme, fait descendre et remonter le récipient, le système de la manche à l’extrémité de laquelle est attachée la plus petite corde qui le maintien relevée et par conséquent fermé pendant que l’outre descend, se remplit d’eau et remonte. Dès qu’elle reparait, la petite corde entraine la manche dehors, tandis que la plus grande continue son mouvement d’élévation, en vertu de cette combinaison, la manche s’allonge, s’ouvre afin que  le contenu de l’outre  s’écoule dans le petit bassin ( Assefi ) . L’eau une fois recueillie dans ce petit bassin, se déverse dans le grand bassin réservoir ( Majjel ) (Mitoyen ou plus éloigné ), par le ( Manfes ) trou d’évacuation.

Le système traditionnel de captage et de partage des eaux des crues

Avec un climat désertique exceptionnellement aride , un sol peu clément et une pluviométrie très faible , on peut dire ,sans crainte ,qu’il y a bien peu de contrées aussi déshérité sur la terre .Le sol est presque exclusivement rocheux et quant aux maigres atterrissements situés au creux des oueds, ils apparaissent à première vue, sous l’aspect de lis sablonneux absolument impropre à la culture .Il faut une patience et un travail inouïs pour arriver à les rendre arables, pour les nettoyer de leur croute de sable stériles et mettre à nu un sol susceptible de produire une récolte.    

De plus, la sécheresse persistante, l’énormité de l’évaporation indépendamment de la valeur cultivable des terrains, sont déjà, à eux seuls, des obstacles sérieux qui viennent s’opposer aux libres jeux de l’activité de l’homme.

   Par contre les averses diluviennes qui, très rarement il est vrai, peuvent subvenir, suffisent pour renverser, pendant de longs jours, l’économie générale.

Aussi le caractère heureux ou malheureux d’une année tout entière s’exprimait-il par un seul mot «   eloued youssed » (l’oued est venu, l’oued a eu une crue).

L’équilibre de toutes les transactions locales dépendait de ce fait climatique. La vie bien précaire en ces temps-là était suspendue à cette interrogation.

      En dépit d’efforts considérables pour creuser ces puits et en extraire la précieuse liquide source de toute vie, les Mozabites ont beaucoup souffert des grandes sécheresses. Des fois il se passait trois à quatre ans sans qu’il n’y soit aucune crue des Oueds, et parfois quand des orages éclataient, ce fut un déferlement diluvien de l’Oued M’zab, causant certain moment beaucoup de dégâts sur son passage.

   Ainsi, pour récupérer toute l’eau qui tomba du ciel et en profiter au maximum, les habitants du M’zab décidèrent de construire des rigoles de ruissellement le flan des collines et montagnes entourant la vallée en canalisant leurs eaux vers les jardins réalisés sur les berges est dans les lits des Oueds .

    plus important, pour dompter la colère de ses fleuves dévastateurs en tant de grandes crues et les soumettre à leurs besoins ils réalisèrent  des dizaines  de digues et barrages de différentes grandeurs le long des oueds les plus importants du M’zab, en les dotant de systèmes de retenus, de canalisations, et des répartitions très ingénieux ,pour leur temps et les moyens rudimentaires qu’ils possédaient aussi bien pour le travail que pour les calculs les plus précis en matière de gestion hydraulique. 

Aperçu sur le système de partage des eaux des crues